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  • Révolté par tout ce qui se déroule de travers dans mon pays, j'ai trouvé ce moyen pour crier ma haine envers tous les décideurs d'une vie difficile et des auteurs des coups tordus.
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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 16:07

Déboires  d’un harrag  d’occasion.

Pour immortaliser  toutes les péripéties vécues lors d’un voyage en Algérie,  j’ai tenu  à enrichir mon blog de cette page que je soumets à la lecture des miens et des autres , enfin de tous ceux qui voudront prendre la peine de la lire.

Pour une affaire  administrative relevant du tribunal d’Oran,  je devais faire parvenir une procuration  que j’ai donnée   à un ami pour me représenter.  Pour ce faire, la procuration a été établie au Maroc, pays de résidence habituelle, elle fut scannée et transmise par voie d’internet  à un membre de ma famille  pour lui demander si le contenu convenait à ces messieurs  du Tribunal. On m’assura qu’on allait tenter de faire le nécessaire uniquement  en présentant  le document scanné. 

D’un autre coté, j’avais impérativement  besoin d’un document administratif  d’Etat-civil  à faire délivré de ma commune de naissance et en langue française. Grâce au concours d’un ami d’enfance ce document fut établi  et remis à mon fils  résidant à Oran.

Parce que le courrier entre l’Algérie et le Maroc n’étant pas très sûr, même par la voie du « Recommandé » on était resté là en attendant  de voir si une importunité se présentait  pour cet échange de document.  Alors que je m’y attendais  le moins du monde, j’ai reçu, le dimanche matin  un coup de fil m’annonçant  qu’il fallait à tout prix présenter l’original de ma procuration au plus tard le mercredi matin. Je n’avais plus le choix ;  il fallait que je me déplace personnellement  à Oran et je n’avais d’autre choix que de traverser la frontière par  route en bravant  l’interdiction  gouvernementale instaurée en 1994.  Je n’étais pas à ma première expérience.

J’ai décidé donc de prendre le train à 15 h 25 pour arriver à Oujda à 21 h 00 où  J’avais pris soin de réserver ma chambre d’hôtel.  Je suis entré en contact avec le passeur habituel  pour lui annoncer mon expédition  qui devait se dérouler le mardi très tôt. Aucune objection.

Donc  j’arrivais à la gare de Fès vers 14 h 00 avec une très bonne marge  d’avance sur l’horaire du train. Il y avait foule dans cette gare en raison des vacances scolaires.  Les panneaux  lumineux d’affichage étaient en panne et pour réunir toutes les mauvaises conditions pour un mauvais départ,  les haut-parleurs annonçant les arrivées et les départ des trains  étaient, ce jour là tout simplement muet.

Je pénétrais donc sur le pallier de la voie  1, et tout précautionneux que je suis, je stationné   tout près de l’agent O.N.C.F  chargé du contrôle  de l’entrée des  passagers afin de lui poser  de temps à autre la question de savoir sur quelle voie partait  le train en direction d’ Oujda. Puisque celui-ci allait venir de Tanger, le posais la question à chaque arrivée de train et a chaque fois je m’entendais dire par l’agent  « mazel, mazel » (pas encore). A 15 h 00 , les voies 2-3- et 4 étaient occupées. Je reposais la question une fois de plus à l’agent qui me dit : le trains qui va entré c’est celui-là que vous prendrais.  Vue la foule, je me positionnais afin  de livrer la première bataille qui consistait à monter dans le train et s’octroyer une place assise  car je ne me voyais pas faire le trajet Fès-Oujda debout.

Je me débrouillais tellement bien que j’ai choisis la meilleure place, installais mon cabas sur le porte bagage, sortais la revue que j’avais achetée pour occuper mon temps. Le wagon était de génération récente, et le climatiseur avait l’air de  fonctionner.  Je fus un peu surpris de ce progrès fait pas l’O.N.C.F qui d’habitude  réservait des wagons plus anciens  sur la ligne desservant la capitale de l’Oriental.    A 15 h 20 le train s’ébranla et je fus un peu surpris qu’il partait d’abord avec 5 minutes d’avance et deuxièmement  dans la direction opposée à celle que j’avais prévue.  Je posais donc la question à mes voisins en leur demandant si c’était bien le train qui partait en direction d’Oujda. Avec un petit sourire ils m’informèrent que ce train se dirigeait  vers  Casablanca c’est-à-dire à l’opposé  de celle  que je devais prendre.  L’intelligent  et le précautionneux que je prétendais être, s’était fait prendre comme un « boujadis » ( ignorant, plouc).  Mon épouse m’appelait sur mon portable pour me demander si j’avais  bien pris le train.  Je l’ai rassurer par un mensonge. 

Mon voyage commençais très mal  et superstitieux comme je le suis je me suis dit que ce voyage se terminerait  certainement très mal.  Dans d’autre circonstances j’aurais tout annulé . Mais ayant avisé les miens de mon arrivée prochaine à Oran  je me suis dis qu’il ne me restait que le choix de continuer mon projet d’aller.  Je descendais  à Meknès et allais voir le Chef de Gare pour l’informer de ma mésaventure  afin  de pouvoir récupérer éventuellement  le prix du billet, 105 Dh  tout de même et la gratuité du retour jusqu’à Fès.  Ce que j’ai obtenu sans grande difficulté.  Il faut signaler que je n’étais pas seul dans mon cas puisque je fus consolé de voir une dizaine de voyageurs  qui se trouvaient dans la même situation que moi.

Je pris le train en direction de Fès  qui avait près d’une heure de retard.  Je profitais de cette attente pour téléphoner à l’hôtel d’Oujda pour  annuler ma réservation.  Dès mon arrivée à mon point de départ,  je filais  dare dare vers la gare routière de Fès  pour savoir s’il y avait un car pour Oujda. On m’annonça  un  qui partira  à 23 h.  Plus question de faire le difficile pour savoir  s’il y avait la clime  ou pas. Je pris mon billet  et je saute dans un petit-taxi  pour ramener à mon domicile. Il était  20 h 00.  Penaud je rentrais chez moi  à la grande surprise de mon épouse qui s’imaginait que je n’étais pas loin d’Oujda.  Je lui fais le récit de cette mésaventure,  profitais de cette escale pour faire toutes mes prières, souper en compagnie de ma femme  et après un petit instant de repos je repartais  vers 22 h 00 vers la gare routière.

Le car de la société « Sahara » arriva avec 20 minutes de retard. Après avoir embarqué les voyageurs  et leurs bagages, le car repartait vers 23 h 40. Pas de clim et une odeur de  pieds pas propres  pestiférait  l’habitacle.  Après une demi heure de trajet  l’odorat s’accoutuma et si ce n’est la chant  que faisait une boite à vitesse un peu vieillit, on peut dire que le trajet s’était bien déroulé. Nous arrivâmes à la gare routière d’Oujda à  5 h précise.  Les rues étaient encore désertes et seule  une dizaine de petits taxis   garés près du trottoir d’en face  faisaient l’animation. J’en pris un  et me dirigeai  vers  l’un des café se trouvant près de la Mosquée de Sidi Mohammed Ben Abdelaziz  je prendrai et mon petit déjeuner et mes médicaments en attendant mon passeur que je devais prévenir de mon arrivée.

J’arrivais au café « Pétra » situé au 52   bd Mohammed V aux environs de 5 h 30. Le café  venait d’ouvrir  les tables étaient déjà installés sur la terrasse.  Je pris place dans l’une d’elles située à la droite  de l’entré du café, posais  mon cabas sur l’un des fauteuils  et commandais un café crème  avec  un croissant. En attendant d’être servi  j’ai pris mes médicaments.  Sur la gauche de l’entrée du café étaient  groupés sur une table quelques  gens que je pensais être des consommateurs ordinaires. Après  meilleur examen il s’est avéré  que ce groupe était composé  de quelques drogués ayant  certainement passé la nuit à écumé la ville.  L’un d’eux  montra  d’une manière quelques peu  discrète mais assez visible pour que je saisisse toute la scène. Il lui montra ce qu’il cachait  dans la ceinture de son pantalon : un grand couteau de boucher  dont la lame faisait entre 25 et 30 centimètre qu’il glissa entre son ventre et son pantalon  et recouvrit le manche  ave son tee-shirt. Après cette exhibition il   s’assit   à  ma      droite  de l’autre coté de l’entrée du café.   Je fus très impressionné par la dimension de ce couteau  mais surtout étonné  d’un tel spectacle  car il m’est arrivé très souvent  de me trouver  à ces heures-là  et à ces endroits  précis  et je n’ai jamais rencontré  de voyous. Ceci  ne me rassurait pas.

Le garçon de café m’apporta mon petit déjeuner  que  je m’empressais  de le consommer. J’ai  profité de la présence du garçon de café pour lui demander  le nom du café où je t’étais attablé. Il le confirma. Il s’agissait du café Petra.  Je téléphonais à mon passeur  pour lui indiquer mon point de chute afin qu’il vienne me récupérer de cet endroit. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis attablé à la terrasse pour être bien en vue de mon passeur. Durant tout le temps où je consommais mon crème  et mon croissant, j’observais  discrètement  mon indésirable  voisin.  Celui-ci,  depuis  que j’ai rangé mon portable  dans son étui fixé à la ceinture, ne m’a plus quitté des yeux.  Il me fixait avec un regard vitré de quelqu’un  qui avait perdu beaucoup de ces facultés physiques. Son regard  exprimé bien ses intentions. Il en voulait à mon portable.

Soudain il se leva, vint vers moi, la main droite brandissant de haut  son énorme couteau et de sa main gauche se dirigeant vers mon portable. Rapidement j’étais sur pied, et de ma main droite  je parais avec un coup sec  sa main qui tentait de me prendre le portable et de ma main gauche  et le regard fixé  sur le couteau je tentais de parer  à un éventuel coup. La scène me parut interminable par sa durée.  Des consommateurs sont intervenus pour s’opposer à cette agression  et à un moment j’ai cru  que l’incident  était clos. Non pas encore, il revint une fois à la charge  toujours avec les même gestes. Là j’ai osé  me défendre en lui donnant un coup de mon  genou droit  dans les parties bloqué  par son pied gauche. Alors qu’il avait baissé un peu sa main  armée du couteau j’ai pensé lui envoyer un direct du droit lequel n’a atteint que sa tempe sans un réel effet.  Une fois de plus  des consommateurs se sont intercalés  entre nous et je profitais de ce cafouillage  pour rentrer  à l’intérieur de la salle. Dehors, les chaises et les tables commençaient à voltiger  et je me disais que c’était un drôle de journée que commençait et le cafetier et moi-même.

Le patron  du Café alerté, par ses employés,   est venu en voiture. Le garçon  me  désigna du doigt  en lui précisant  que l’agression était commise sur ma personne. Il me demanda de  patienter pour témoigner  à la police et  reparti aussitôt  avec sa voiture à la poursuite du voyou. Mon  passeur étant  enfin venu, je lui ai dit que je ne voulais pas perdre de temps et que je voudrais continuer mon  chemin c’est-à-dire  traverser cette  saloperie de frontière  pour terminer mon voyage à Oran. C’est ce que nous avons fait.

A bord  d’une vieille 505 Peugeot, complètement déglingué, mais  toujours en marche,  nous roulions en direction de la frontière pendant  quelques kilomètres. Tout  en roulant, je ne cesser de penser à ce que je venais de vivre  et surtout comment se fait-il que pas une goutte de sang ne soit versée. Cela relève  du miracle  ou tout simplement de cette bénédiction parentale à laquelle je crois beaucoup. OUI  encore une fois Dieu est venu à mon secours sans doute imploré par les prières de mes pauvres parents décédés. Puisse Dieu vous bénir  là où vous êtes  mes chers parents !

A la vue d’un barrage routier,  mon chauffeur  braqua à gauche et contourna plusieurs  ruelles  pour enfin se retrouver sur une voie  communale,  et puis la piste.  Ah cette piste !  Il faut vous dire que pour les ponts et chaussées, les pistes reconnues sont classées en trois catégories allant de A à C  la dernière étant la plus infecte et la plus difficile  à rouler dessus. Notre piste  n’était pas du tout cataloguée puisque  tracée par des passeurs  à travers des champs  pour les besoins de  leur commerce  somme toute florissant, et si elle devait être classée elle n’aurait pas eu une lettre  avant la lettre M qui signifierai  M….. Mais  j’ai déjà subit  ce genre  situation et je ne m’en faisais pas du tout, bien heureux surtout que je puisse continuer mon chemin en entier et sans blessure surtout. Durant tout le temps du trajet  le passeur  ne cessait d’appeler  sur son portable sa correspondance  algérienne qui devait prendre le relais à un endroit déterminé  entre eux.

Nous y  arrivâmes enfin. L’ endroit était   clôturé, inahbité, et  où étaient entassé d’innombrables fut en plastiques ayant servis très probablement à emmagasiner du carburant   venu illégalement d’Algérie. Un gros tuyau  en plastique était là parterre  et c’’est à se demander s’il n’allait pas servir de pipe-line. Nous attendions là  une petite demi heure  jusqu’à  l’arrivé d’un homme qui gesticulait à quelques cinq mètres de là  à la lisière  d’une olivaie. J’ai  payé  mon passeur marocain 200 Dhs, pris mon cabas et me voilà crapahutant  a travers  champs à la rencontre  de mon nouveau  relai de passeur.

Il était à pied. Il me dit  qu’en ce moment, la surveillance frontalière  était plus sévère et donc  on ne pouvait plus utiliser de voiture. Nous marchâmes bien pendant 7 à 10 minutes  et arrivés près  d’une bicoque d’où il extirpa un vélo moteur  sur lequel nous allons poursuivre notre chemin.  Il mit  le cabas devant lui  pendant que je prenais place sur la place arrière dénuée de siège et de repose pieds et nous voilà partis zigzagant  au milieu de cette piste qui, à mon sens,  ne menait nulle part. Nous arrivons devant un poste de militaires chargé de la surveillance  de cette frontière.  Mon  motard  s’arrêta  devant le soldat  en faction. Celui-ci demanda à voir mon cabas et me questionna sur son contenu. Je lui ai répondu qu’il ne contenait rien d’autre que mes médicaments et mes objets personnels  pour me changer  éventuellement. Il me cru sur parole et nous  reprenions notre épopée de cyclo-cross. Encore cinq minutes  à peu près de piste rocailleuse, nous arrivâmes enfin  à une ferme. J’avais mal à mon postérieur.  Après  une  halte champêtre d’un petit quart d’heure entouré de poules, de coqs et de mouton, je pris place  à l’arrière d’une autre 505 Peugeot qui me conduisit  jusqu’à  Maghnia. A bord de  cette  voiture  avaient pris place également en plus du chauffeur deux autres personnes qui semblaient se connaitre. Tous  tenaient un téléphone portable  et les appels  ne manquaient pas. On se croirait dans une téléboutique.  Après une vingtaine de minute de route nous arrivions  à la fin de notre périple et je me séparai de ce monde non sans avoir préalablement payé 2 000 Dinars à celui qui semblait être le chef de bande. Il tenta timidement  de m’arracher encore 500 dinars de plus  et j’opposais alors  un courtois  refus.

Ayant  réservé ma place dans un taxi jaune (intercommunal), j’ai tenté  d’acheter une puce téléphonique puisque le roaming  entre le Maroc et l’Algérie ne fonctionnait pas suite à des problèmes que l’opérateur téléphonique  Djezzy  avait avec le gouvernement Algérien.  On m’exigeait  une photocopie certifiée conforme de ma carte d’identité ce que je ne pouvais fournir. Cela m’a fait penser à l’Etat algérien qui voulait  relancer le tourisme. Comme par habitude Il s’y prenait encore une fois très mal.  A 9 h 00  précise  notre taxi pris  la route en direction d’Oran où nous arrivions vers 11 h 15. Nous étions le 12 avril  2011.

J’ai accompli une formalité administrative le  lendemain  mercredi 13, et après avoir rendu visite à mes enfants, à  mon frère,  à ma sœur et à leurs enfants, récupéré des  documents d’Etat-civil , je repartais d’Oran  le Jeudi 14 à 7 h du matin pour retourner  au Maroc  toujours via cette frontière  fermée par les autorités algériennes et en espérant surtout  avoir moins de mal  à la traverser. Mes fessiers n’avaient pas encore totalement récupérés de l’exercice auquel  ils furent soumis deux jours plus tôt. Je rappelle que le motif essentiel de cette expédition qui n’était pas exempte de risque, était surtout la remise d’une procuration et la récupération de mes documents d’Etat-civil.  Dans des pays qui se respectent, les services de la poste  pourraient amplement remplir cette mission à moindre coût, de risques et de fatigue. Mais nous avions a faire en Algérie, pays indépendant depuis près de 50 ans  et qui  patauge encore dans l’organisation de ses services publics pour le  grand malheur  de ces citoyens.

Il était 7 h du matin lorsque le taxi chargé de six passagers, s’ébranla en direction de Maghnia où nous sommes arrivés à 9 h 15.  Ayant acheté une Puce téléphonique  j’avisais mon fils que je suis bien arrivé à Maghnia  et que les choses sérieuses allaient commencer.  Magnéto  Serge !

Désirant éviter  la phase du motocycliste, je me suis rendu chez un commerçant qui en plus de son activité commerciale, il était  un relais de ces passeurs. Je lui ai raconté mes déboires de ma venue en Algérie  et il m’a assuré que les passeurs avec qui il travaillait assuraient un passage  grand confort à leurs passagers puisque ces derniers ne faisant que se transborder d’une voiture algérienne à une autre marocaine. Comme il m’est arrivé de le faire  déjà par le passé.  Je lui confirmé donc  ma volonté  de faire la traversée.  Après une demi-heure d’attente, une voiture  arriva  et il me demanda de suivre le chauffeur. Je prenais place donc cette voiture  et  nous voilà partis pour l’aventure.  Le chauffeur  fit plusieurs courses avant de prendre la direction de la frontière. Il commença par faire son marché  qu’il déposa chez lui, puis passa chez un Boulanger  d’où il acheta un pain  tout chaud  et ce n’est qu’après il prit la direction de la frontière.  Tout en roulant, je  lui fais part de mes déboires vécues à l’aller. Il ne dit mot, mais m’informa qu’aujourd’hui  la surveillance de la frontières  était plus sévère  en raison de l’arrivée du Président Bouteflika  à Tlemcen pour l’inauguration de la cérémonie « Tlemcen capital de la culture islamique ».

Après avoir roulé sur la route nationale, il bifurqua à gauche  pris  un chemin vicinal quelques minutes,  puis une piste  pour finalement  arriver à la ferme  qui a été mon point de chute lors de ma traversée.  Je lui ai fait part de mon désaccord  en lui disant que sont relais à Maghnia  m’avais assuré  que la traversée allait être toute autre que celle que j’ai vécue il y a 2 jours. Pour toute réponse, il me dit qu’en raison de l’arrivée de Bouteflika à  Tlemcen aujourd’hui  nous ne devrions pas travailler car cela était très risqué aussi bien pour eux que pour les passagers. Comme pour me prouver tout cela, il m’ordonna d’aller me cacher  dans le poulailler car trois voitures de gendarmes ou de douaniers passaient non loin de là. Je m’exécutai tout en suivant l’événement à travers la porte laissée entrebâillée. En effet  à 100 mètres de distances  trois 4 x 4 de la gendarmerie  passaient à très faible allure à deux cent  mètres  delà.  Après qu’ils furent hors de vue,  mon chauffeur parti et me laissa seul  avec  celui qui m’avait charrié sur sa motocyclette. Celui-ci  téléphona  à l’aide de mon portable  au  soldat  de garde afin de s’assurer de l’absence des gendarmes. Il lui répondit qu’il fallait encore attendre environ une heure encore  avant  que le chemin ne soit sécurisé.

Je m’installais  sous un figuier  au milieu  des poules et des coqs.  Une gamine  âgée de neuf années accompagnée de son frère  vint me tenir compagnie. Histoire de meubler mon temps j’entamais une conversation  avec  elle. Elle était  très éveillée  pour son âge alors que je pensais que les ploucs étaient plus ou moins attardé dans leur façon d’être. Encore un syllogisme  hélas ! Mon fils m’appela pour avoir de mes nouvelles  et je profitais de l’occasion pour lui décrire le tableau champêtre dans lequel je vivais  à cet instant.  Je reprenais ensuite ma discussion avec ma gamine  qui m’apprit que l’homme à la motocyclette  s’appelait Khalid et qu’il mentait comme il respirait.  Je devinais le but de l’entretien  qu’elle m’accordait et j’ai pris une pièce de 50 dinars que je lui remis. Elle ne s’est pas fait  prier pour la prendre.  Pendant notre discussion un autre 4 x4  de la gendarmerie  passait  au loin faisant le chemin inverse de tout à l’heure. Sans-doute il rentrait au campement que l’on apercevait au loin à un kilomètre environ à vol d’oiseau.

Entre-temps  mon Khalid  qui était parti avec sa moto  en éclaireur revint  et me disant qu’il fallait qu’on  traverse. Il  me  demanda de m’installer  à l’arrière de sa motocyclette.  Je n’avais pas d’autre choix que de  m’exécuter et nous revoilà parti,  lui en zigzagant  et moi tenant  difficilement l’équilibre, cramponné à la scelle de ce motocycle, les pieds ballants.  Tenir l’équilibre dans cette situation n’est guère facile puisqu’il zigzaguait sans cesse sans doute  en raison de l’état de cette piste qui finalement ne servait  qu’à ce genre de déplacement. 

Soudain il me dit qu’on été poursuivit  et que je devais sauter de la moto.  Je fus apeuré  sans doute, et pensant que j’avais encore l’agilité de mes vingt ans, je sautais, mais compte tenu des dénivellations  et de l’état de cette piste  ce qui devait arriver, arriva. Fatalement  Je me pris un   plongeon  d’où  je me relevai de suite. J’avais  des marques de cette chute  sur mon blue-jean ainsi que sur mon  blouson couleur moutarde que je mettais pour une première fois.. Heureusement  qu’il n’y avait aucune trace de  déchirure.  Je repris  mon chemin à pied  en pestant contre ces fumiers de passeurs qui n’hésitaient pas à  faire subir  des misères à ces malheureux « harrags ». Alors que mon  Passeur  s’était envolé  avec mon cabas je ne m’inquiétais  pas outre mesure de mon bagage mais je me hasardais à me retourner pour voir  était ceux qui nous suivaient. Il n’y avait personne.  J’ai fini mon chemin à pied environ  cinq cents à six cents mètre  pour  rejoindre mon passeur qui m’attendait devant  cette petite cabane qui lui servait  d’abri pour son vélomoteur.   Après avoir gueulé  je l’ai quand même payé  deux mille dinars. Il en voulait plus  et je lui ai juré qu’il n’aurait pas un centime de plus en raison de traitement qu’il venait de me faire subir.  Nous arrivions au terme de notre partie de voyage puisque nous étions arrivés  pratiquement à la frontière algéro-marocaine.  Je voyais  à quelques centaines de mètres la ferme abandonné qui a servi de fin au  premier relais effectué  à l’aller. 

Je pris mon cabas  et me voilà  reparti,  crapahutant encore à travers champs pour rejoindre mon  dernier relais. Je fus accueilli par deux hommes  dont un semblait être en dehors de toute  tractation. Je pensais retrouver  mon premier passeur marocain d’Oujda puisqu’on m’avait assuré que c’était lui qui allait prendre le relais.  Hélas, il n’en fut rien. La personne qui le remplaçait  n’avait rien d’autre comme moyen de locomotion qu’un  vélomoteur. Eh oui encore un autre. Je pestais fort contre cela  et avec  calme mon interlocuteur me dis qu’il n’y a pas d’autre moyen  pour rejoindre Oujda  du fait que ce jour aucune traversée ne s’est faite en raison de la vigilance qui s’était accentuée en raison de cette fameuse visite du Président Bouteflika  à Tlemcen.

N’ayant pas d’autre choix, je me résignais  à prendre place sur la place arrière du vélomoteur. Même s’il n’avait pas de siège  cet engin  avait quand-même des repose-pieds ce qui m’a permis de tenir un meilleur équilibre.  Nous avions parcouru une dizaine de kilomètre  sur une piste plus carrossable que celle sur laquelle j’avais chuté.  Après quoi  nous avions  emprunté un  route vicinale.  Après quelques kilomètres il s’arrêté devant un bonhomme qui avait devant lui de  grandes bouteilles en plastique rempli d’essence et de gaz-oil.  C’était  la station d’essence puisque tout le long de cette frontière  et jusqu’à Oujda même  ces petits trafiquants  avaient peu à peu remplacé toutes les stations  de carburant qui avaient existé  dans la ville d’Oujda puisque les produits vendus, venus en contrebande d’Algérie, étaient vendus nettement moins chers. 

Nous avions repris  notre chemins  et nous avions fait encore une bonne dizaine de kilomètres  pour finalement  entré à Oujda ville.  A ma demande il me déposa  devant le café  « Petra ». Il était  presque midi.  Avoir perçu son dû (deux cent  dirhams) il me quitta  en s’excusant du peu de confort qu’il m’avait prodigué durant son trajet.

Je me suis installé à la terrasse du café,  et j’ai tout de suite  pris le soin de dépoussiérer  aussi bien mes chaussures que mes vêtements.  Comme par un curieux  hasard, les cireurs qui d’habitudes pullulaient dans le boulevard étaient  totalement absent.  J’ai demandé au Garçon de café les suites  de l’agression dont je fus victime trois jours avant.  Il me disait qu’en définitif mon agresseur a pu s’enfuir   malgré toute la meute d’hommes lancés à sa poursuite.  J’en concluais qu’il n’était pas si drogué qu’il n’en avait l’air  et encore une fois  je remercie  Dieu  de m’être tiré d’affaire  sans dommage de ce voyou.

Je me rendis de suite à la Gare des chemins de fer  d’Oujda  d’où je pris le train de 13 h 00  pour Fès.

A peine installé  dans  un confortable  wagon,  je pris soin de téléphoner à mon fils  afin de le rassurer  de l’issue heureuse de cette maudite traversée que je ne suis pas prêt d’oublier.

Il était  près de vingt heures lorsque j’arrivais  chez moi  certes fatigué mais content  de retrouver mon chez moi  et de  rassurer mon épouse qui s’est beaucoup inquiétée durant tout le temps  de ce périple. J’étais encore en  entier, sain et sauf et je ne dois  cet état qu’à la bénédiction parentale qui m’a accompagné tout au long de cette affreuse  traversée d’une frontière fermée par une décision absurde  et incohérente de l’Etat  Algérien.

                                                                                              BENOUALI  ABDELDJALLIL

 

 

 

 

 

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